L’ouvrage, Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry a été vendu » 145
millions d’exemplaires dans le monde entier et édité 1300 fois ». (13)
Il se positionne en sixième place
des livres les plus lus et vendus au monde, le seul auteur français de la liste.
De plus il a été traduit en 253 langues et dialectes, dont certaines sont des
langues minoritaires comme le lapon, le tzigane ou le quechua. Cette traduction
de masse est une volonté de favoriser l’accessibilité à la littérature même à
des langues menacés de disparition et à l’apprentissage de la lecture, du
langage.
L’ouvrage est également un
support pédagogique, conseillé dès l’école maternelle jusqu’au cycle 3. En
effet, le conte est intéressant au vu de ses graphismes, les aquarelles de
Saint-Ex mais également pour la lecture, la philosophie notamment ainsi que
pour la mise en scène, le théâtre grâce aux dialogues. Il dégage également un
message écologique.
Ce succès international
pérennisant au fil des années n’est pas seulement dû à l’ouvrage seul. En
effet, les produits dérivés sont nombreux et de nouveaux éclosent de jours en
jours. Cette industrie a démarré lors des ouvertures des musées sur le Petit
Prince où se trouve toujours des boutiques remplies d’objets variés.
Au Japon, à Hakone a ouvert en
1999 le musée du Petit Prince de Saint-Exupéry créée par Akiko Torii, une
admiratrice de l’écrivain. Ce musée basé sur l’œuvre du Petit Prince fait plus
de dix mille mètres carrés et est composé d’un parc, de salles d’exposition, d’un
théâtre, d’un restaurant, d’un café, d’une chapelle et d’une boutique.
En 2011, le Petit Prince a fait son entrée au Musée Grévin à
Paris, en tant que « célébrité », en plus de sa sculpture, il trône
sur sa planète en compagnie de ses amis Renard et la Rose.
De plus, le premier juillet 2014 a ouvert Le Parc du Petit
Prince, le premier parc aérien au monde qui se trouve en Alsace. Ce parc a pour
thème l’eau et l’environnement, il a donc une visée écologique.
Ces parcs et musées sont de vrais
tremplins pour pouvoir vendre les objets dérivés du héros tant apprécié par les
visiteurs.
Depuis près de trente ans, les
marques ont trouvés dans le Petit Prince un allié de choix. En effet ce dernier
reflète sincérité, douceur et raffinement ce qui sont des qualités importantes
pour des produits visant les enfants.
Les premiers objets dérivés
furent de simples figurines puis vint le temps pour les papeteries d’adopter la
marque. À partir de ce moment on vit des carnets, des cartes postales, des
albums photos, des magnets, des agendas, des calendriers en tout genre.
Évidemment qui dit papier, dit crayon et sont arrivés les stylos billes, les
crayons, les gommes.
Qui dit stylo dit trousse, donc à
partir du moment où les trousses sont rentrées dans les commerces, le marché du
textile du Petit Prince a explosé.
Les premiers textiles ont été des déguisements, qu’il est
possible de louer le temps d’une visite au musée d’Hakon, puis est venue la
panoplie du parfait bébé, avec la valise maternité, les bavoirs, les linges de lits.
Les marques de bijoux se sont ajoutés à la
locomotive du Petit Prince est ont produites des montres, des médailles, des
bracelets.
Pour finir la panoplie, la
vaisselle du Petit Prince est également disponible, les lampes et accessoires
high-tech sont en ventes eux-aussi.
Cela fait en tout plus de huit
cents produits dérivés concernant le Petit Prince. (15)
L’enfant aux cheveux blonds fait
vendre, les parents sont attirés par cet univers rassurant et ce côté culturel
dû à la portée poétique et philosophique du conte.
L’accès aux produits est
accessible par tout le monde grâce à la boutique en ligne qui vend de la gomme
le Petit Prince à « la boîte peignoir cadeau » le Petit Prince ainsi
que la Boutique officielle du Petit Prince à Paris.
(16)
Le Petit Prince est célèbre
autour du monde pour ses nombreuses adaptations phonographiques, télévisuelles,
cinématographiques.
En 1954, onze ans après la
publication du Petit Prince format livre, une adaptation sonore est
enregistrée, avec les moyens de l’époque : un disque 33 tours. Gérard
Philipe prêtait sa voix au narrateur. La même année un enregistrement vinyle
est créé avec Richard Burton comme interprète principal. L’attrait de conter le
Petit Prince est la variété de tons et d’émotions qui composent l’histoire et
la poésie qui en découle.
Le dernier enregistrement français
date de 1996 avec Pierre Arditi dans le rôle du récitant.
En enregistrant le Petit Prince,
le conte vise un nouveau public, les non lecteurs ainsi que les amateurs de
contes contés.
En 1974, trente ans après la
publication du Petit Prince format papier, Stanley Donen produit The Little Prince un film musical
britannique et américain.
En 1978 une série animée
japonaise de 39 épisodes voit le jour Hoshi no Ōjisama : Puchi
Puransu (Le Petit Prince).
En 2002, le genre de la comédie
musicale adapte le conte de Saint-Exupéry, produite par Richard Cocciante,
l’aviateur est joué par Daniel Lavoie.
Et ce n’est qu’en 2010 que la
série d’animation Le Petit Prince est
créée, elle est composée de 52 épisodes de 26 minutes chacun et produite par
Method Animation.
L’histoire se déroule sur la
planète B 612 où vivent ensemble le Petit Prince, le Renard et la Rose. Un jour
le Serpent décide de séduire la Rose mais repoussé par cette dernière il décide
de se venger en « éteignant toutes les planètes de l’Univers ». Le
Renard et le Petit Prince devront donc allier leurs forces et leurs esprits
pour empêcher cela. La série était diffusée sur France 3, sur Ludo, une
émission jeunesse, à chaque épisode une nouvelle planète est découverte avec de
nouvelles surprises et aventures des deux héros.
En 2011 est sortit Le Petit Prince 4D un film court métrage
en 4D de douze minutes, réalisé par nWave Pictures, au par d’attraction du
Futuroscope. Le film est en 3D avec des effets sensoriels, nous voyageons dans
l’espace avec le Petit Prince et nous ressentons les secousses du voyage dans
les jambes ou bien le vent solaire sur le visage ainsi que la pluie en
gouttelettes sur la tête. C’est une attraction accessible à tous âges.
Enfin,
en 2015, est attendu un film 3D réalisé par Mark Osborne qui s’intitule The Little Prince et qui s’inspire du
roman de Saint-Ex. Le résumé est le suivant :
« C’est
l’histoire d’une histoire.
C’est l’histoire
d’une petite fille, intrépide et curieuse, qui vit dans un monde d’adultes.
C’est l’histoire
d’un aviateur, excentrique et facétieux, qui n’a jamais vraiment grandi.
C’est l’histoire
du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire. »
(17)
La question que nous pouvons nous
poser à présent est qu’en est-il de l’image du Petit Prince. Nous pouvons nous
demander si l’abus de produits dérivés ou les adaptations sous différents
supports ne pourraient pas détériorer l’image du Petit Prince.
Le 31 juillet 1944, Antoine de
Saint-Exupéry décolle de la Corse pour une mission d’observation dans le sud de
la France durant la Seconde Guerre mondiale. Saint-Ex fut porté disparu pendant
plus de soixante ans, il est mort à l’âge de 44 ans. (18)
La succession
des droits d’auteurs furent séparés en deux parts égales : la femme de
Saint-Ex, la veuve Consuelo qui transmit tous ses biens à son secrétaire :
José Martinez-Fructuoso lorsqu’elle mourra ainsi que le frère et les trois
sœurs de Saint-Ex, particulièrement Gabrielle Giraud d’Agay qui à son décès
laissa la succession à ses enfants en l’occurrence les petits neveux de Saint
Exupéry dont Olivier d’Agay qui est aujourd’hui le directeur de la succession
Saint-Exupéry. (19)
Le 12 juillet 2010 a lieu un
procès nommé par les médias « La bataille de la Rose », opposant le
secrétaire Fructuoso et le neveu d’Agay. Le secrétaire réclame l’argent qu’il
n’a pas touché pendant toutes ces années, il dénonce également la surproduction
de produits dérivés et la surexploitation de l’image du Petit Prince, le neveu
s’indigne, sans argumenter et refuse toute négociation.
Mais selon la loi soixante dix
ans après la mort de son auteur, l’œuvre tombe dans le domaine public.
Contextuellement Saint-Exupéry est mort depuis 1944 donc depuis soixante dix
ans, l’usage du Petit Prince n’entraîne donc plus de droits d’auteurs. C’est
pourquoi Olivier d’Agay a exprimé l’entrée du Petit Prince dans le domaine
public. L’ouvrage pourra donc être publiée par tout éditeur le souhaitant,
autre que Gallimard pour la France.
Toutefois « les usages des
personnages seront strictement réservés aux détenteurs des droits d’auteurs » :
la production d’objets dérivés ou bien l’utilisation d’image des ces
personnages devront être soumise à « l’accord des ayants droits. »
(20)
Le Petit Prince en quittant son
astéroïde B612 décide de partir à l’aventure et visite sept planètes, la Terre
étant la septième. Tous les personnages que l’enfant aux cheveux blonds rencontre
sont des allégories du genre humain qui prêchent la fausse vérité, les valeurs
du monde adulte.
La première planète est
l’astéroïde B 325 où vit le personnage du Roi.
Le passage est composé du champ lexical du commandement et
de l’ordre. Le Roi est arrogant mais n’a aucune méchanceté. Il ne parle que de
jugement et même de condamnation à mort, mot qui fait fuir le Petit Prince. Le
Roi est l’allégorie du pouvoir.
La deuxième
planète est l’astéroïde B 326 où vit le personnage du vaniteux. Ici règne
le champ lexical de l’admiration. Le vaniteux demande sans cesse au Petit
Prince de l’acclamer, de l’applaudir ou bien de l’admirer. Le vaniteux est
l’allégorie de la vanité.
La troisième
planète est l’astéroïde B 327 où vit le personnage : Le buveur. La visite
du Petit Prince est très courte mais frappante. En effet, le buveur est
l’allégorie de l’alcoolisme, le Petit Prince éprouve de la mélancolie de la
pitié, émotion partagée avec le lecteur.
La quatrième
planète est l’astéroïde B 328 où vit le personnage du businessman. C’est un
être antipathique obsédé par ses calculs. Le champ lexical ici est celui des
chiffres. Le businessman est l’allégorie de la possession, de la richesse et du
matérialisme ce qui s’oppose au secret du Renard : « L’essentiel est
invisible pour les yeux. » (21)
La cinquième planète est
l’astéroïde B329 où vit le personnage de
l’allumeur de réverbère. Ce personnage contrairement aux autres n’est pas
égocentrique et très assidu à son travail mais terriblement paresseux. Le Petit
Prince le respecte pour cela. L’allégorie de l’allumeur de réverbère est la
paresse.
La sixième planète est
l’astéroïde B 330 où vit le personnage du géographe. Il exige des connaissances
appuyées par des preuves mais lui même n’a jamais voyagé pour connaître le
monde. Le géographe est l’allégorie de l’ignorance puisqu’il n’a jamais rien vu
par lui-même.
La dernière et enfin septième
planète est la Terre où le Petit Prince va connaître la solitude mais également
l’amitié grâce au Renard.
Le message que veut faire passer
Saint-Exupéry à travers les douces réflexions du Petit Prince face à
« l’étrangeté » de la nature humaine, est celui de la simplicité et
d’espoir qui émane du petit garçon blond. La futilité ne l’intéresse pas, il ne
rêve que d’amour et d’amitié par opposition à Saint-Exupéry qui dénonce le
nombrilisme et l’égoïsme des adultes où tout tourne autour contextuellement, de
leurs astéroïdes.