lundi 29 décembre 2014

Le Petit Prince, droits publics

L’ouvrage, Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry a été vendu » 145 millions d’exemplaires dans le monde entier et édité 1300 fois ». (13)
Il se positionne en sixième place des livres les plus lus et vendus au monde, le seul auteur français de la liste. De plus il a été traduit en 253 langues et dialectes, dont certaines sont des langues minoritaires comme le lapon, le tzigane ou le quechua. Cette traduction de masse est une volonté de favoriser l’accessibilité à la littérature même à des langues menacés de disparition et à l’apprentissage de la lecture, du langage.
L’ouvrage est également un support pédagogique, conseillé dès l’école maternelle jusqu’au cycle 3. En effet, le conte est intéressant au vu de ses graphismes, les aquarelles de Saint-Ex mais également pour la lecture, la philosophie notamment ainsi que pour la mise en scène, le théâtre grâce aux dialogues. Il dégage également un message écologique.

Ce succès international pérennisant au fil des années n’est pas seulement dû à l’ouvrage seul. En effet, les produits dérivés sont nombreux et de nouveaux éclosent de jours en jours. Cette industrie a démarré lors des ouvertures des musées sur le Petit Prince où se trouve toujours des boutiques remplies d’objets variés.
Au Japon, à Hakone a ouvert en 1999 le musée du Petit Prince de Saint-Exupéry créée par Akiko Torii, une admiratrice de l’écrivain. Ce musée basé sur l’œuvre du Petit Prince fait plus de dix mille mètres carrés et est composé d’un parc, de salles d’exposition, d’un théâtre, d’un restaurant, d’un café, d’une chapelle et d’une boutique.
En 2011, le Petit Prince a fait son entrée au Musée Grévin à Paris, en tant que « célébrité », en plus de sa sculpture, il trône sur sa planète en compagnie de ses amis Renard et la Rose.
De plus, le premier juillet 2014 a ouvert Le Parc du Petit Prince, le premier parc aérien au monde qui se trouve en Alsace. Ce parc a pour thème l’eau et l’environnement, il a donc une visée écologique.
Ces parcs et musées sont de vrais tremplins pour pouvoir vendre les objets dérivés du héros tant apprécié par les visiteurs.
Depuis près de trente ans, les marques ont trouvés dans le Petit Prince un allié de choix. En effet ce dernier reflète sincérité, douceur et raffinement ce qui sont des qualités importantes pour des produits visant les enfants.
Les premiers objets dérivés furent de simples figurines puis vint le temps pour les papeteries d’adopter la marque. À partir de ce moment on vit des carnets, des cartes postales, des albums photos, des magnets, des agendas, des calendriers en tout genre. Évidemment qui dit papier, dit crayon et sont arrivés les stylos billes, les crayons, les gommes.
Qui dit stylo dit trousse, donc à partir du moment où les trousses sont rentrées dans les commerces, le marché du textile du Petit Prince a explosé.
Les premiers textiles ont été des déguisements, qu’il est possible de louer le temps d’une visite au musée d’Hakon, puis est venue la panoplie du parfait bébé, avec la valise maternité, les bavoirs, les linges de lits.
 Les marques de bijoux se sont ajoutés à la locomotive du Petit Prince est ont produites des montres, des médailles, des bracelets.
Pour finir la panoplie, la vaisselle du Petit Prince est également disponible, les lampes et accessoires high-tech sont en ventes eux-aussi.
Cela fait en tout plus de huit cents produits dérivés concernant le Petit Prince. (15)
L’enfant aux cheveux blonds fait vendre, les parents sont attirés par cet univers rassurant et ce côté culturel dû à la portée poétique et philosophique du conte.
L’accès aux produits est accessible par tout le monde grâce à la boutique en ligne qui vend de la gomme le Petit Prince à « la boîte peignoir cadeau » le Petit Prince ainsi que la Boutique officielle du Petit Prince à Paris.


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Le Petit Prince est célèbre autour du monde pour ses nombreuses adaptations phonographiques, télévisuelles, cinématographiques.
En 1954, onze ans après la publication du Petit Prince format livre, une adaptation sonore est enregistrée, avec les moyens de l’époque : un disque 33 tours. Gérard Philipe prêtait sa voix au narrateur. La même année un enregistrement vinyle est créé avec Richard Burton comme interprète principal. L’attrait de conter le Petit Prince est la variété de tons et d’émotions qui composent l’histoire et la poésie qui en découle.
Le dernier enregistrement français date de 1996 avec Pierre Arditi dans le rôle du récitant.
En enregistrant le Petit Prince, le conte vise un nouveau public, les non lecteurs ainsi que les amateurs de contes contés. 
En 1974, trente ans après la publication du Petit Prince format papier, Stanley Donen produit The Little Prince un film musical britannique et américain.
En 1978 une série animée japonaise de 39 épisodes voit le jour Hoshi no Ōjisama : Puchi Puransu (Le Petit Prince).
En 2002, le genre de la comédie musicale adapte le conte de Saint-Exupéry, produite par Richard Cocciante, l’aviateur est joué par Daniel Lavoie.
Et ce n’est qu’en 2010 que la série d’animation Le Petit Prince est créée, elle est composée de 52 épisodes de 26 minutes chacun et produite par Method Animation.
L’histoire se déroule sur la planète B 612 où vivent ensemble le Petit Prince, le Renard et la Rose. Un jour le Serpent décide de séduire la Rose mais repoussé par cette dernière il décide de se venger en « éteignant toutes les planètes de l’Univers ». Le Renard et le Petit Prince devront donc allier leurs forces et leurs esprits pour empêcher cela. La série était diffusée sur France 3, sur Ludo, une émission jeunesse, à chaque épisode une nouvelle planète est découverte avec de nouvelles surprises et aventures des deux héros.
En 2011 est sortit Le Petit Prince 4D un film court métrage en 4D de douze minutes, réalisé par nWave Pictures, au par d’attraction du Futuroscope. Le film est en 3D avec des effets sensoriels, nous voyageons dans l’espace avec le Petit Prince et nous ressentons les secousses du voyage dans les jambes ou bien le vent solaire sur le visage ainsi que la pluie en gouttelettes sur la tête. C’est une attraction accessible à tous âges.
         Enfin, en 2015, est attendu un film 3D réalisé par Mark Osborne qui s’intitule The Little Prince et qui s’inspire du roman de Saint-Ex. Le résumé est le suivant :
« C’est l’histoire d’une histoire.
C’est l’histoire d’une petite fille, intrépide et curieuse, qui vit dans un monde d’adultes.
C’est l’histoire d’un aviateur, excentrique et facétieux, qui n’a jamais vraiment grandi.
C’est l’histoire du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire. » 


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La question que nous pouvons nous poser à présent est qu’en est-il de l’image du Petit Prince. Nous pouvons nous demander si l’abus de produits dérivés ou les adaptations sous différents supports ne pourraient pas détériorer l’image du Petit Prince.
Le 31 juillet 1944, Antoine de Saint-Exupéry décolle de la Corse pour une mission d’observation dans le sud de la France durant la Seconde Guerre mondiale. Saint-Ex fut porté disparu pendant plus de soixante ans, il est mort à l’âge de 44 ans. (18)
         La succession des droits d’auteurs furent séparés en deux parts égales : la femme de Saint-Ex, la veuve Consuelo qui transmit tous ses biens à son secrétaire : José Martinez-Fructuoso lorsqu’elle mourra ainsi que le frère et les trois sœurs de Saint-Ex, particulièrement Gabrielle Giraud d’Agay qui à son décès laissa la succession à ses enfants en l’occurrence les petits neveux de Saint Exupéry dont Olivier d’Agay qui est aujourd’hui le directeur de la succession Saint-Exupéry. (19)
Le 12 juillet 2010 a lieu un procès nommé par les médias « La bataille de la Rose », opposant le secrétaire Fructuoso et le neveu d’Agay. Le secrétaire réclame l’argent qu’il n’a pas touché pendant toutes ces années, il dénonce également la surproduction de produits dérivés et la surexploitation de l’image du Petit Prince, le neveu s’indigne, sans argumenter et refuse toute négociation.
Mais selon la loi soixante dix ans après la mort de son auteur, l’œuvre tombe dans le domaine public. Contextuellement Saint-Exupéry est mort depuis 1944 donc depuis soixante dix ans, l’usage du Petit Prince n’entraîne donc plus de droits d’auteurs. C’est pourquoi Olivier d’Agay a exprimé l’entrée du Petit Prince dans le domaine public. L’ouvrage pourra donc être publiée par tout éditeur le souhaitant, autre que Gallimard pour la France.
Toutefois « les usages des personnages seront strictement réservés aux détenteurs des droits d’auteurs » : la production d’objets dérivés ou bien l’utilisation d’image des ces personnages devront être soumise à « l’accord des ayants droits. »

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Le Petit Prince en quittant son astéroïde B612 décide de partir à l’aventure et visite sept planètes, la Terre étant la septième. Tous les personnages que l’enfant aux cheveux blonds rencontre sont des allégories du genre humain qui prêchent la fausse vérité, les valeurs du monde adulte.
La première planète est l’astéroïde B 325 où vit le personnage du Roi.
Le passage est composé du champ lexical du commandement et de l’ordre. Le Roi est arrogant mais n’a aucune méchanceté. Il ne parle que de jugement et même de condamnation à mort, mot qui fait fuir le Petit Prince. Le Roi est l’allégorie du pouvoir.
         La deuxième planète est l’astéroïde B 326 où vit le personnage du vaniteux. Ici règne le champ lexical de l’admiration. Le vaniteux demande sans cesse au Petit Prince de l’acclamer, de l’applaudir ou bien de l’admirer. Le vaniteux est l’allégorie de la vanité.
         La troisième planète est l’astéroïde B 327 où vit le personnage : Le buveur. La visite du Petit Prince est très courte mais frappante. En effet, le buveur est l’allégorie de l’alcoolisme, le Petit Prince éprouve de la mélancolie de la pitié, émotion partagée avec le lecteur.
         La quatrième planète est l’astéroïde B 328 où vit le personnage du businessman. C’est un être antipathique obsédé par ses calculs. Le champ lexical ici est celui des chiffres. Le businessman est l’allégorie de la possession, de la richesse et du matérialisme ce qui s’oppose au secret du Renard : « L’essentiel est invisible pour les yeux. » (21)
La cinquième planète est l’astéroïde B329 où vit le  personnage de l’allumeur de réverbère. Ce personnage contrairement aux autres n’est pas égocentrique et très assidu à son travail mais terriblement paresseux. Le Petit Prince le respecte pour cela. L’allégorie de l’allumeur de réverbère est la paresse.
La sixième planète est l’astéroïde B 330 où vit le personnage du géographe. Il exige des connaissances appuyées par des preuves mais lui même n’a jamais voyagé pour connaître le monde. Le géographe est l’allégorie de l’ignorance puisqu’il n’a jamais rien vu par lui-même.
La dernière et enfin septième planète est la Terre où le Petit Prince va connaître la solitude mais également l’amitié grâce au Renard.

Le message que veut faire passer Saint-Exupéry à travers les douces réflexions du Petit Prince face à « l’étrangeté » de la nature humaine, est celui de la simplicité et d’espoir qui émane du petit garçon blond. La futilité ne l’intéresse pas, il ne rêve que d’amour et d’amitié par opposition à Saint-Exupéry qui dénonce le nombrilisme et l’égoïsme des adultes où tout tourne autour contextuellement, de leurs astéroïdes.



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